Bien voyager, bien boire et bien manger au Portugal.!

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Boa viagem a Portugal! Tout au bout de l’Europe, au confluent de la terre et de l’océan, le Portugal déploie son immense richesse. On ne peut que s’émerveiller devant la beauté de son patrimoine, de sa nature presque intacte et de son littoral à perte de vue. On le sait, vous allez adorer plonger dans l’histoire, les paysages, les saveurs et l’ambiance de ce pays baigné de soleil, authentique et chaleureux.

Une terre plurielle

L’identité du Portugal est profondément liée à sa localisation, à sa géographie et à son histoire. 

Les 800 km de côtes face à l’océan Atlantique de ce pays tout en longueur furent jadis le bout du monde connu. Ceci explique probablement la forte culture maritime du Portugal et son esprit aventurier, tourné vers la mer, en quête d’un possible ailleurs. Rien d’étonnant alors à ce que le Portugal se soit lancé dans une intense exploration de nouvelles terres au-delà des mers : les Grandes Découvertes. 

Le pays porte aussi en lui les influences qui s’y succédèrent tour à tour : Celtes, Ibères, Romains, Wisigoths, Maures, Chrétiens… Longtemps lié à l’Espagne, avec laquelle il partage la péninsule ibérique, le Portugal est devenu une entité politique indépendante dès 1143 et l’un des rares pays dont les frontières n’ont presque pas changé depuis le 13e siècle.

Dans ses 7 régions, il en découle un héritage naturel et patrimonial riche et contrasté : châteaux perchés, villages aux ruelles pavées, villes combinant admirablement passé et présent, lieux sacrés, massifs spectaculaires, plaines sans fin, abruptes vallées, immenses plages, criques paradisiaques, vignes et oliviers centenaires… Et un peu partout, des chemins pour sillonner le pays à pied ou à vélo…

Dans la région Nord (Minho), vous profiterez pleinement de la Costa Verde, une bande côtière aux plages immaculées. Vous serez séduits par l’historique Viana do Castelo et sa basilique néo-byzantine Santa Luzia perchée sur le Monte du même nom (vue imprenable sur les environs !). À Guimarães, vous voyagerez dans le temps dans son château médiéval habité par le premier roi du Portugal (Alphonse Ier) et son Palais des Ducs de Bragance. Non loin de là, à Braga, vous visiterez l’incroyable sanctuaire de Bom Jesus Do Monte. Vous tomberez sous le charme de la vivante et travailleuse Porto, deuxième ville du pays, bâtie sur des collines à l’embouchure du légendaire fleuve Douro. On aime ses ponts spectaculaires qui enjambent le fleuve, sa vieille ville avec ses façades pimpantes et ses ruelles pentues, sa ville haute commerçante et animée, son Palacio da Bolsa au luxe extravagant, sa très baroque église Dos Clérigos et notre coup de cœur : la librairie Lello, l’une des plus belles d’Europe. 

Plus loin vers l’arrière-pays, vous vous arrêtez à Vila Réal et son baroque Palácio de Mateus. Vous ne manquerez pas les massifs granitiques et chaotiques de l’immense parc Peneda Gerês et les villages typiques des montagnes de Trás-os-Montes, ni les magnifiques paysages viticoles de la vallée du Douro.

La région Centre regorge elle aussi de merveilles. L’arrière-pays d’abord, avec sa nature à l’état pur : le parc naturel de la Serra da Estrela et ses randonnées incroyables dans un décor de montagnes, de lacs glaciaires et de villages perchés, mais aussi les Serras de Lousã, d'Açor et de Caramulo, sans oublier la Vallée de la Côa et ses sites rupestres. En bord de mer, vous serez enthousiasmés par les villes côtières et les jolies plages : Aveiro, la Venise portugaise, avec sa lagune et son héritage Art nouveau ; la Costa Nova, une longue plage de sable bordée de dunes et de maisons à rayures de couleurs vives ; Figueira da Foz, à la fois port de pêche authentique et station balnéaire de la Belle Époque ; Batalha avec son superbe monastère chef-d'œuvre du gothique portugais et juste à côté, ses deux chapelles inachevées ; la station estivale de Nazaré et ses vagues hors normes qui attirent les surfeurs les plus chevronnés ; la pittoresque ville fortifiée d'Óbidos. Entre les deux, un ensemble de magnifiques sites et cités : Viseu et sa cathédrale ; Coimbra, l’ancienne capitale du royaume portugais et sa célèbre Université, Leiria et son château médiéval ; Fátima, l'une des plus importantes destinations religieuses du monde ; Tomar et son Couvent du Christ (un ancien château de l’ordre des Templiers) ; le monastère cistercien de Santa Maria de Alcobaça ; les grottes de Mira de Aire…

Dans la région de Lisbonne, il y a évidemment la vibrante et surprenante capitale. Ancienne, moderne, populaire, branchée, cosmopolite, Lisbonne vous ravira avec ses rues quadrillées du quartier de la Baixa, son légendaire tramway, sa calçada portuguesa (ces petits pavés noirs et blancs en mosaïques que vous verrez partout sous vos pieds), ses quartiers historiques aux airs de village (Amalfa, Bairro Alto…), ses quartiers plus récents comme le Parque das Nações, et sa vie quotidienne, culturelle et nocturne très attractive. Ne manquez surtout pas ses sites mythiques qui bordent le Tage : la Tour de Belém, le monastère des Hiéronymites, le Monument des découvertes, mais aussi le pont du 25-avril. Et si on parle de ce pont, c’est parce qu’il ressemble au très élégant Golden Gate Bridge de San Francisco, qu’il est surplombé par la statue monumentale du Christ-Roi (façon Christ Rédempteur sur le mont Corcovado à Rio de Janeiro) et qu’il se nommait au départ pont Salazar, sombre personnage qui installa en 1933 un régime dictatorial pendant près de 40 ans (l’Estado Novo), régime dont le Portugal se débarrassa le 25 avril 1974 avec la Révolution des Œillets, qui mena le pays sur le chemin de la démocratisation et de la décolonisation. Tout autour de la capitale, on découvre aussi d’autres facettes de la région : de belles plages et stations balnéaires (Ericeira, Cascais…), la beauté sauvage de Comporta, un petit paradis entre mer forêts de pins et rizières (où vous croiserez peut-être une célébrité, qui sait ?) ; cap sauvage Cabo da Roca, le parc naturel Serra da Arrábida, la vinicole Serra de Montejunto ou la belle ville de Sintra, presque suspendue dans les nuages, avec son très original Palais de la Pena combinant plusieurs styles dont les styles mauresque et manuélin (une interprétation spécifique au Portugal du gothique, en termes d’architecture et d’ornement, qui s’est développée sous le règne de Manuel Ier au 16e siècle).

Cap sur l’Alentejo, ses vastes espaces, ses villages médiévaux, sa nature préservée et sa côte sauvage ! Cette région rurale, plutôt discrète et méconnue, est un grand bol de nature, en dehors des sentiers battus, propice aux sports en plein air. On y trouve de grands pâturages, des champs de céréales qui ondulent sous le vent, des vignes et des oliveraies, de vastes forêts de chêne-liège (un patrimoine végétal protégé depuis le Moyen Âge qui a contribué à faire du Portugal le premier producteur mondial), des plages côtières (mais aussi fluviales) qui invitent à la contemplation et des écosystèmes exceptionnels. On s’attardera notamment sur la beauté sauvage de Comporta, petit paradis entre mer, plage, pinèdes et rizières (où vous croiserez peut-être une célébrité, qui sait ?). La région regorge aussi de trésors historiques : peintures rupestres (Grottes do Escoural), mégalithes, abbayes, villes fortifiées, cités avec patios et arcades hérités de la longue influence mauresque… Vous découvrirez avec plaisir la belle Evora, son temple antique, ses palais et couvents, ses maisons colorées et sa monumentale cathédrale ; Elvas, une cité perchée et fortifiée avec des ruelles bordées de demeures blanches et un splendide aqueduc de 7 km ; Mértola, ancienne capitale d’un taifa (royaume musulman) fondé au 12e siècle et son château fort ; Monsaraz, un village médiéval aux maisons blanches et toits rouges avec vue 360 sur la région (et le grand lac d'Alqueva). Mais aussi Santarém, Castelo de Vide…

Tout au sud, l’Algarve est la région star du Portugal et celle qui accueille le plus de visiteurs (et de loin !). On peut y venir pour se reposer et profiter de son large choix de stations balnéaires (il y en a pour tous les goûts), de ses jolies criques nichées entre les rochers, de ses plages infinies bordées de falaises et de grottes (notamment celle de Benagil, qui forme comme un dôme avec une petite ouverture qui laisse entrer les rayons du soleil et illumine l’intérieur, un enchantement !). On peut aussi la découvrir tout autrement. Par exemple en allant au Cabo de São Vicente, aux airs de fin du monde, avec un paysage battu par les vents à couper le souffle et dans la jolie ville de Sagres juste à côté, avec sa forteresse bastionnée construite par l’infant Henri le Navigateur au 15e siècle pour héberger l’École navale, aujourd’hui symbole des explorations portugaises le long des côtes africaines. Ou encore à Lagos et sa vieille ville fortifiée, là encore associée à Henri le Navigateur car c’est de là que partirent ses caravelles, ouvrant ainsi la porte aux Grandes Découvertes. Il y a aussi la très animée Portimão ; la vieille ville d’Albufeira ; les ports de pêche dignes de cartes postales d’Olhão et de Ferragudo ; Tavira avec ses églises baroques et ses maisons colorées ; mais aussi les rues pavées, les maisons blanchies à la chaux et la belle plage d’Alvor. Faites un tour à Silves, capitale l'ancien royaume arabe d’Al-ghrab (d’où le nom Algarve) avec ses maisons blanches et son château fortifié aux remparts rouges. Arpentez la vieille ville de Faro, abritée derrière ses remparts, avec ses jolies ruelles pavées et sa vie animée. Non loin de là, une excursion en bateau vous permettra de découvrir les îles de l’immense lagune de Ria Formosa. Dans l’arrière-pays, la très belle Serra de Monchique et le village montagnard du même nom avec ses sources thermales sont un environnement parfait pour faire des randonnées ou des balades à vélo.

Enfin, arrêtons-nous aux archipels de Madère et des Açores, qui terminent notre tour des régions.

Madère, à l’ouest du Maroc, est un paradis pour les amoureux de nature et promet de belles randonnées, le long des côtes, jusqu’aux sommets ou en suivant les levadas, ces petits canaux d’irrigation creusés dans la roche. Funchal, la capitale, est établie sur les pentes d’une imposante montagne, face à l’océan. Ses rues pavées, ses maisons blanches, ses jardins et sa végétation sont tout simplement irrésistibles. Quant à, l’autre île de la région, elle a longtemps été surnommée « île dorée », en référence à sa longue plage de sable fin. 

Aux Açores, le dépaysement est garanti : les 9 îles qui les composent sont toutes différentes. Dans ces petites mondes au milieu de l’immensité bleue de l’Atlantique, les paysages sont pour le moins grandioses : côtes sauvages, volcans, piscines naturelles dans l’océan, plages, cascades, lagunes, vignobles en coteaux ressemblant à des escaliers géants ou plantés dans des champs de lave, falaises, fajãs (plateformes de basalte érodées) … Magique !

Une culture riche et des traditions préservées

Les traditions ont toute leur importance au Portugal. Au-delà de l’héritage culturel, ces évènements partagés entre générations sont des vecteurs de cohésion sociale et des moments à ne pas manquer.

En témoignent les nombreuses fêtes populaires, qui honorent les saints les plus importants et mettent les rues en liesse avec moultes décorations et couleurs, des défilés en fanfare, des processions, des chants et des danses jusqu’à tard dans la nuit, des marchés artisanaux, des dégustations de sardines grillées… Par exemple, la Santo António de Lisbonne ou la São João de Porto, au cours de laquelle on tape sur la tête de ses amis ou de sa famille (gentiment évidemment) avec des petits marteaux en plastique (à l’origine des poireaux !), on lance des ballons à air chaud et on admire le feu d’artifice. Mais il y a aussi la São Pedro à Sintra, la festa da Pinha à Faro, la festa dos Tabuleiros à Tomar, la procession de Nossa Senhora da Agonia à Viana do Castelo, la festa da Flor à Funchal… Vous l’avez compris, au Portugal, il y aura forcément une fête qui vous attendra quelque part !

Prenez aussi le temps de vous laisser traverser par toutes les émotions que procure le mythique fado, éternel et unique au monde. Traditionnellement chanté d’une seule voix, accompagné d’une guitare portugaise à 12 cordes, il a été popularisé à l’international dans les années 30-40 par l’incroyable Amália Rodrigues mais aussi plus récemment par Mariza et Ana Moura et même, dans une certaine mesure, par le groupe Madredeus dans les années 80, dont la musique est un mélange de fado, de folk, de musique classique et contemporaine. Ce chant-là, inscrit au patrimoine immatériel de l’humanité, exprime un sentiment particulièrement complexe au cœur de l’âme portugaise, la saudade, dont nous reparlerons un peu plus loin. Moins connu, le cante alentejano, chant polyphonique de l’Alentejo, est aussi de toute beauté.

Le Portugal, c’est également une longue tradition de poésie et de littérature. Elle coïncide avec les débuts de la nation, avec les troubadours, puis au 16e siècle, avec Luís de Camões et ses Lusiades glorifiant les exploits des Portugais lors des Grandes Découvertes. On ne peut aussi passer à côté de Fernando Pessoa, qui publia ses poèmes (et ses écrits) multiples et complexes sous plusieurs noms (lisez absolument le splendide Nombreux sont ceux qui vivent en nous), ni du prolifique José Saramago, auteur de poésies mais aussi de romans, contes et nouvelles, pièces de théâtre…

Si vous êtes fan de musées, vous en trouverez ! À commencer par Lisbonne avec l’excellente Fondation Calouste Gulbenkian, qui possède l’une des plus importantes collections privées d'art au monde, allant de l’Égypte antique au 20e siècle ; le MATT (Musée d’Art, d’Architecture et de Technologie), où vous pourrez admirer certaines des installations gigantesques de Joana Vasconcelos ; ou encore le récent MAC/CCB, musée d’art contemporain à Belém, où vous découvrirez des œuvres d’artistes internationaux de renom mais aussi les paysages abstraits de Maria Helena Vieira da Silva et les œuvres d’Helena Almeida, figure majeure de la performance et de l’art conceptuel. On vous recommande également la Fondation Serralves à Porto, qui abrite un musée d’art moderne consacré aux artistes portugais de 1960 à 1980 (mais pas que, on y trouve aussi des œuvres de Boltanski ou de Baselitz), un joyau architectural Art Déco tout de rose paré et un immense parc, havre de paix au cœur de la ville ; le Musée des sciences de l’Université à Coimbra, le Musée national de l'azulejo à Lisbonne, consacré à ces carreaux de faïence décorés qui ornent l’intérieur et/ou l’extérieur d’une foule d’édifices à travers tout le pays (maisons, palais, églises…)…

Et pour les amateurs de ballon rond, qui tient quand même une place assez importante au Portugal, allez faire un tour (voire programmez un match ?) à l’Estádio da Luz du club Benfica de Lisbonne ou à l’Estádio do Dragão du FC Porto. Ambiance garantie !

Des saveurs à partager

Au Portugal, la cuisine est saine, simple et délicieuse.

À la croisée des cultures culinaires atlantique et méditerranéenne, on y trouve aussi l’empreinte des territoires de son vaste empire colonial et des produits du Nouveau Monde, tels que la cannelle, le curry, les pommes de terre, les tomates..., mais également les citronniers et orangers plantés par les Maures.

Pour vous ouvrir l’appétit ou accompagner un apéritif (au vin naturel bien entendu), vous pouvez choisir parmi le large éventail de petiscos, des préparations servies en petites portions (tels les tapas espagnols). Par exemple les rissóis (beignets de crevettes ou de viande servis froids ou chauds) ; les peixinhos da horta (haricots verts enrobés de pâte et frits) ; les croquetes de carne (boulettes de viande pannées) ; les bolinhos de bacalhau (sortes d’acras de morue que l’on trouve sous d’autres formes avec d’autres noms et des ingrédients légèrement différents) ; les gambas ão alho (crevettes à l’ail) ; les caracóis (petits escargots cuits dans une sauce à l’ail) ; le pica-pau (petits morceaux de viande marinés dans de l’ail, de l’huile, du vin blanc et de la moutarde, servis avec des olives et des pickles) ; des fromages ; de la charcuterie, tel le chouriço (saucisse de porc fumée flambé à l’eau-de-vie dans un récipient spécialement conçu) ou la morcela (boudin noir)…

A noter que la morue (bacalhau) est un incontournable des tables portugaises. Bouillie, rôtie, braisée, séchée, il y a autant de manière de la préparer que jours dans l’année ! On aime particulièrement le bacalhau à Gomes de Sá, à base de morue séchée et salée, de pommes de terre, oignons, ail, œufs durs coupés en rondelles, lait, le tout cuit au four. D’une façon générale, le poisson et les fruits de mer ont une place spéciale dans la cuisine portugaise. Ils se dégustent grillés (testez la dorade !), au four, ou selon des recettes plus élaborées tels la caldeirada (une sorte de bouillabaisse), le polvo à lagareiro (du poulpe préparé avec de l’ail, des herbes et des pommes de terre), les amêijoas à Bulhão Pato (des palourdes sautées dans de l’ail, du jus de citron et de la coriandre) …

On trouve aussi des préparations à base de riz, très apprécié au Portugal, comme le fameux arroz de marisco (à la tomate et aux fruits de mer), arroz de pato (cuit au four avec des morceaux de canard) ou l’arroz de cabidela, parfois appelé arroz de sangue (préparé avec du sang de poulet).

Quant aux viandes, vous pourrez en déguster dans les churrascarias, des restaurants spécialisés dans les grillades particulièrement fréquentés (parfait pour croiser du monde). On vous y servira du porc, en filet (lombo), en côtelettes (costeletas), du cochon de lait rôti à la broche (leitão da Bairrada) ; du poulet, tel le succulent frango no churrasco (poulet cuit à la braise, servi coupé en 2).

Mais il y a aussi plein de plats mijotés très goûtus : cozido à Portuguesa (sorte de pot-au-feu), feijoada à Transmontana (ragoût de haricots, porc et bœuf), caldo verde (soupe aux choux et pommes de terre avec des rondelles de saucisse) et la fameuse cataplana, qui désigne à la fois le plat de cuisson à l’étouffée en cuivre (un peu comme un tajine en fait) et les ingrédients cuisinés dedans.

Envie d’une douceur ? Optez pour le classique pastel de nata (un petit flan dans une pâte feuilletée) ou pour l’arroz doce (riz au lait saupoudré de cannelle). Mais vous pouvez aussi prendre le pão de ló (à base d'œufs, de sucre et de farine avec une texture un peu spongieuse), le pudim de ovos (gros flan avec un beau sirop de caramel sur le dessus), la bola de Berlim (beignet garni d'une crème), le toucinho do céu (gâteau aux amandes) ou tout dessert qui vous fera envie dans la vitrine d’une pastelaria !

Pour arroser tout ça, prenez une petit bière locale, un galão (café au lait), un carioca de limão (infusion de peaux de citron) ou un jus d’orange fraîchement pressé et le repas est bouclé !

Pour déguster toutes ces recettes qui mettent l’eau à la bouche, n’hésitez pas à vous attabler à une tasca, que l’on peut apparenter à un bistrot du coin ou une cantine de quartier, des lieux à la bonne franquette, remplis d’habitués, avec de bons rapports qualité/prix, dont certains sont là depuis des lustres. Mais vous pouvez aussi tester les assiettes de la nouvelle vague de chefs, qui proposent une cuisine inventive, sublimant de façon subtile les produits portugais de saison.

Un authentique pays de vin

Au Portugal, la viticulture et la production de vin sont millénaires. 

Il y avait déjà des vignes sur les rives du Tage et dans le haut Douro du temps des Phéniciens. Puis vinrent les Grecs, les Carthaginois et les Romains, qui tour à tour développèrent cet héritage en installant des fermes viticoles, des cuves de vinification, des jarres de transports… 

L’implantation d’abbayes cisterciennes au Moyen Âge a ensuite contribué à structurer le vignoble portugais. À cette époque, le Portugal avait déjà tissé des liens avec l’Angleterre, notamment via le mariage entre João I et de Philippa de Lancastre, petite-fille du roi Edouard III d’Angleterre. Mais c’est à la faveur du conflit qui opposa la France à l’Angleterre, lors de la guerre de Cent ans au 14e siècle, que les vins de Porto remplacèrent ceux de Bordeaux sur les tables anglaises, puis furent exportés dans toutes les colonies britanniques. Pour enrayer la baisse de la qualité des vins conséquente à ce succès, le marquis de Pombal, prestigieux premier ministre du Portugal (notamment par l’efficacité de son action face au séisme de 1755 qui ravagea Lisbonne), entreprit de réglementer le négoce du vin de porto mais aussi de délimiter la zone de production, de classer les vignes et de préciser les normes de production. Une sorte de précurseur visionnaire du concept de l’AOC !

Le Portugal possède un patrimoine ampélographique très important : près de 250 cépages différents sont cultivés, dont au moins 1/3 sont endémiques, et donnent aux vins portugais des saveurs uniques. Les principaux cépages blancs sont l’Alvarinho, l’Arinto, le Maria Gomes, l’Encruzado, l'Antão Vaz, le Verdelho branco, le Bual, l’Azal branco, l’Avesso, la Malvasia Fina… Et en rouge, la Touriga Nacional, la Touriga Franca, la Baga, le Castelão, la Trincadeira, le Tinta Roriz, le Tinto cão…

Quatrième vignoble d’Europe en superficie, le vignoble portugais s’articule autour de 14 zones viticoles réparties sur tout le territoire (mais avec une plus forte concentration dans le nord et le centre du pays). Les exploitations sont souvent petites, plutôt familiales, et produisent des vins très différents d’une région à l’autre. Certaines sont très typiques, notamment dans le nord du Portugal, où les vignes sont cultivées de façon non intensive, en treilles (latas ou ramadas) au-dessus de chemins et passages pour protéger du soleil ou en hautains (enforcados ou uveiras), technique très ancienne, remise peu à peu au goût du jour, qui consiste à utiliser un arbre comme tuteur.

Les vins les plus connus hors des frontières sont le Vinho Verde blanc, issu des terres granitiques humides du nord, très vif en bouche, frais, légèrement citronné et légèrement pétillant ; le Porto, un vin qui a été muté (ou fortifié) par ajout d’une petite dose d’eau-de-vie de raisin pendant la fermentation alcoolique, ce qui lui confère sa douceur et sa riche palette aromatique ; et le Madère, lui aussi muté, mais chauffé en cours de vieillissement, ce qui lui donne ces belles notes de noix et d'épices tout en conservant une acidité fraîche. 

Nous vous invitons fortement à découvrir tous les autres et vous serez probablement surpris par la variété et la richesse du patrimoine portugais. Par exemple en rendant visite à des vignerons naturels lors de votre séjour (que vous trouverez sur Raisin bien évidemment). Ces femmes et ces hommes sont nombreux et leur travail revisite profondément le terroir local, pour révéler tout le potentiel des sols et des cépages indigènes. 

En quête de bonheur

Il y a au Portugal un sens de l’accueil et un amour pour les plaisirs simples de la vie qui est très réconfortant. Ici, on prend les choses avec sérénité (certains diront même avec fatalisme), on prend le temps de vivre. Par exemple, manger dehors avec des amis, discuter sur des terrasses de café (boire son café au café est la norme, peu importe l’heure), participer à une fête locale, flâner dans les rues ou faire son marché… Un bonheur tranquille en somme…

Cette question du bonheur et cette relation au temps sont fondamentales et se retrouvent dans la saudade dont nous avons déjà parlé un peu plus haut. Comme souvent quand il s’agit de sentiments et d’état d’esprit, le mot est presque intraduisible dans une autre langue. Cet état émotionnel profond, somme toute très romantique, qui se ressent plus qu’il ne s’explique, est un mélange de mélancolie et d’espoir, de joie et de peine, une forme de solitude face à un souvenir, un manque à la fois heureux et triste. Comme une délicieuse nostalgie de ce qui a été ou aurait pu être et un désir futur de bonheur imprécis. « Une épine amère et douce », comme la décrivait Amália Rodrigues. Peut-être le reliquat des sentiments d’un peuple qui a souvent regardé les siens partir, pour le meilleur ou pour le pire, sans certitude de revenir ?

Une façon d’être au monde finalement assez lucide, voire pragmatique, qui, sans se bercer d’illusions, ne désespère pas de l’avenir.

Alors détendez-vous, oubliez le temps, laissez-vous porter par la quiétude ambiante et émerveillez-vous. Vous reviendrez enchantés de vos instants portugais.